Livres et films de ce numéro :
1 - Livres écrits par ou sur des femmes remarquables
Zen, graine de sagesse par Aoyama Roshi ed. Sully
Maître zen, imprégnée de la civilisation japonaise dans ce qu'elle a de meilleur, mais également femme de son temps et de grande culture, Shundo Ayoama porte un regard lucide et compassionné sur la condition humaine, qui touchera toute personne en quête de vérité. Qu'elle cite l'enseignement des maîtres zen du passé, des anecdotes de la vie quotidienne, des souvenirs personnels, les réflexions de poètes et de philosophes japonais ou occidentaux, son langage simple et sensible témoigne d'une connaissance réelle de la vie et des enseignements bouddhiques, profondément intégrés par l'expérience.
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Rencontre avec des Femmes Remarquables par Martine Batchelor Ed. Sully
Martine Batchelor, qui a été elle même nonne zen durant dix ans en Corée, a interviewé partout dans le monde des nonnes et des laïques bouddhistes dans son livre Walking on lotus flowers (réédité sous le titre Women on the Buddhist path). C'est la traduction sous le titre « Rencontre avec des femmes remarquables » qui vient de paraître aux éditions Sully. Elle consacre un chapitre à Tenzin Palmo mais également à d'autres nonnes, notamment coréennes, l'une étant à la tête d'un monastère de 300 nonnes, d'autres étant enseignantes dans des universités bouddhistes, des situations privilégiées dans le bouddhisme actuel, même en Occident.
Un panorama de pratiquantes asiatiques et occidentales. C'est un livre très stimulant, à recommander absolument.
Martine Batchelor nous fait partager ce qu'a été pour elle l'expérience de la rencontre avec toutes ces pratiquantes bouddhistes lire ici
The wild white goose par Roshi Jiyu Kennett
Deux ouvrages passionnants basés sur le journal tenu par Jiyu Kennett lors de sa vie au Japon, tout d'abord dans un monastère, puis en tant que prêtre d'un temple zen.
Les épreuves qu'elle devra affronter, à la fois en tant que femme et en tant qu'étrangère, l'expérience de l'illumination, et de nouvelles épreuves pôur être reconnue et acceptée en tant que prêtre zen.
La lectrice découvre en outre les intrigues et les luttes de pouvoir au sein d'un grand monastère au Japon.
Un parcours de courage et de détermination hors du commun.
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Coeur Pur de Maura O'Halloran ed. Actes Sud
L'introduction de ce livre par la mère de l'auteur précise les circonstances de sa rédaction. Jeune femme américano-irlandaise, Maura O'Halloran pratiqua le zen dans deux temples importants du Japon, projetant d'ouvrir son propre centre zen à Dublin. Elle périt dans un accident de la route quelques jours à peine après avoir quitté le Japon. Les textes de Maura O'Halloran nous permettent de faire un véritable "voyage à l'intérieur d'un couvent" bouddhique. Le lecteur suit son apprentissage et sa formation de "moine sous la direction de l'un des plus grands maîtres spirituels japonais contemporains. Jour après jour, le lecteur accompagne l'auteur dans ses réflexions, ses progrès, ses doutes, ses exaspérations, sur le chemin d'une meilleure connaissance de soi.
Un livre extraordinairement émouvant,
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2 - Films bouddhistes ou films sur et par des femmes
Printemps, été, automne, hiver,et printemps : film coréen 2004
Premier avis :
Résumé : Un vieux moine partage sa solitude avec un enfant. Ils vivent dans un temple situé au milieu d'un lac entouré de montagnes. Le rythme des saisons accompagne les cycles de la vie du maître et de son jeune disciple qui grandit et rencontre la sexualité à travers une jeune fille qu'il séduit puis assassine par jalousie !
Présentation du film : Beaucoup de spectateurs (spectatrices ??) sont enthousiasmés par la beauté des images, exemples de critiques relevées sur le Net : "Un ilot de silence, de solitude, de paix extérieure et intérieure, au milieu de nulle part. Un univers hors du temps où un maître et son élève vieillissent en quatre saisons. La rareté des paroles ajoute à la richesse et à la force des images. Un film d'une beauté visuelle et sentimentale rare. Un film magnifique, serein, envoutant, tendre, calme, doux,... Printemps, Ete, Automne, Hiver... sans doute un des plus beaux films asiatiques qu'il nous sera donné de voir. Kim Ki-Duk y réalise là un film d'une simplicité incroyable à la beauté plastique inouïe. Une oeuvre philosophique sur la vie qui nous apprend à vivre, à respecter son prochain, à respecter la nature,... La musique est très belle et les acteurs nous font croire tout ce qu'ils veulent tellement ils sont convaincants et naturels. Le plus beau dans ce film est que chaque saison symbolise la découverte de la vie pour l'Homme (L'amour, le respect de la nature, la punition, la jalousie, la rédemption,...) et les paysages sont sublimes. On aurait presque envie d'aller vivre avec le Maître et son Disciple pour pouvoir profiter pleinement de la beauté de la vie, ou du moins de ce que pourrait être la vie sans violence..."
Ce qui me frappe et me consterne, c'est que dans aucune des critiques, on ne fait allusion au fait que le moine assassine une jeune fille (on remarquera ci-dessus la « découverte de la vie pour l'Homme, avec un grand H), il est même question de la « vie sans violences » La mort de cette jeune fille est tellement banal, tellement insignifiant, qu'il n'est pas nécessaire de l'évoquer. Par contre la maturation spirituelle du moine est essentielle. Les éventuelles aspirations spirituelles de la jeune fille ne sont pas d'actualité. Une fois de plus, dans les films traitant de vie monastique, tout tourne autour de la libido et de la chasteté des hommes. La fin est également très symbolique de la place des femmes dans l'imaginaire du réalisateur : une femme, visage voilé, vient déposer un enfant au temple, de sorte que le moine ayant atteint la sagesse (après avoir tué) est capable d'enseigner à son successeur. La femme voilée : c'est la femme anonyme, n'existant que dans sa fonction reproductrice qui vient abandonner un enfant au monastère, pourquoi le fait-elle, on ne le sait pas, c'est inutile, ce qu'elle est est inutile, elle n'existe pas en tant qu'être humain. A quand une réalisatrice coréenne pour parler des nonnes coréennes, de leur pratique et de leurs réalisations ? Fabienne
Deuxième avis : Ce film vient de passer à la télévision sur la chaine "auteur", j'ai été intriguée par la critique que j'avais lu dans le magazine et j'ai voulu le regarder. Ce qui m'a d'abord frappé, c'est le côté fabriqué, c'est vrai que les images sont très belles, mais tout m'a paru articifiel, des situations totalement fabriquées. Ainsi, il est tout à fait normal de laisser en tête à tête une jeune fille et un jeune moine qui n'a visiblement, durant toutes ses années auprès de son maitre bouddhiste, rien appris sur le désir.
Que dire de son attitude envers elle, ou plutôt envers cet ectoplasme qui, selon des clichés bien masculins, est malade de n'être pas convenablement "aimée", (c'est bien sûr un autre terme beaucoup plus cru qui vous vient à l'esprit, oui, c'est ce que je veux dire, dans la ligne de l'expression concernant les féministes : des femmes "mal baisées").
Aucun dialogue entre ce garçon et cette jeune fille, le garçon n'est intéressé que par le sexe et ne s'en cache même pas. Elle lui appartient et, si elle veut se tourner vers un autre (qui peut-être la regarde comme une personne et non comme un objet de plaisir ?), il la tue.
Encore une fois qu'a-t-il appris de l'enseignement bouddhiste? pas grand chose si l'on en juge par le maître. Quand celui-ci médite-t-il ? jamais ! et d'ailleurs, il est tellement convaincu de sa propre nullité qu'il se suicide !
Je laisse aux spectatrices le choix de la raison du suicide qui reste mystérieusement inexpliqué et qui dépasse mes pauvres capacités. Je croyais de façon simpliste qu'un maitre spirituel avait quelque peu réfléchi à cette existence et s'efforçait d'aider les autres après avoir atteint l'illumination lui-même. Mais cela c'est beaucoup trop basique, il faut des situations beaucoup plus énigmatiques telles celles de ce film que je n'ai même pas pu finir de regarder !!
Bref, ce film m'a laissé une impression de malaise, de quelque chose de malsain et, comme Florence à propos de la Coupe, je me demande ce que le Bouddha aurait pensé de ce film ! Et ce qui est consternant, c'est le nombre de récompenses pour ce film qui est un mensonge de bout en bout Ludivine